09/09/2005

Il est un scandale qu'il me semble être le seul à avoir remarqué. Un scandale horrible, immonde, visible pourtant par des milliers de personnes chaque jour. Il faut croire que les usagers de la RATP ne regardent pas autour d'eux et restent le nez enfoui dans leur journal, sinon, comment expliquer l'assourdissant silence dont font preuve les media face à cette ignominie ?

A Paris, à l'avant des autobus, juste derrière la place du chauffeur, est placardé un avis résumant les règles en vigueur sur le réseau. Il y est question du volume de bagages autorisé, des contraventions infligées aux voyageurs sans titre de transport, du respect dû aux autres passagers…

Mais y figure un article qui m'a fait sursauter lorsque le hasard m'avait conduit à cette place et que le manque de livre m'incitait à parcourir ce texte ; ça concernait le transport des animaux ; voici ce qu'on pouvait y lire :

« Les animaux sont admis s'ils sont de petite taille et mis dans un sac. A l'exception des CHIENS D'AVEUGLES !!! »

Cette dernière phrase est à ce point insultante pour la minorité concernée qu'on oublie illico le fait que le terme « aveugle » n'ait pas été remplacé par « non voyant ». Inclure les aveugles, pardon les non-voyant », dans la catégorie des animaux est déjà suffisamment scandaleux pour envoyer le rédacteur de cette affiche en prison ; mais les traiter de « chiens », ainsi qu'on n'ose plus le faire depuis l'époque de la conquête de l'ouest où on traitait les indigènes de « chiens de peaux-rouges », là les limites de la décence sont grandement outrepassées ! Et l'autorisation qui leur est faite d'emprunter les transports en commun, assortie d'une telle apostrophe injurieuse, apparaît davantage comme une misérable obole accordée à un mendiant qu'une mesure généreuse en faveur d'une minorité défavorisée.

Mais qu'est-ce qui explique cette haine de la régie autonome envers les citoyens atteints de cette infirmité ? Prennent-ils trop de place avec leurs cannes blanches ? Occasionnent-ils une gène insupportable aux autres voyageurs par leur difficulté à se déplacer ? Importunent-ils à l'excès les usagers en requérant leur aide ? J'estime, pour ma part, que ces petits inconvénients, à supposer qu'ils existent, ne justifient en rien l'ostracisme intolérable que manifeste à leur égard un service soi-disant public.

Je propose, que dis-je ? J'EXIGE que la mention concernant les non-voyant soit déplacée de cet article et rédigée de la manière suivante :

« Nos amis non-voyant sont les bienvenus dans les transports en commun ; à charge pour eux de ne pas importuner excessivement les autres voyageurs. »

 

 

 

remonter                                             chronique suivante