Novembre 2006.
Une fois n'est pas coutume.
Cette rubrique habituellement destinée aux diatribes, tirs de barrage, rafales de kalachnikov, envois de flèches et javelots, coups de poings au visage, coups de pied au cul, dirigés vers les représentants de la médiocrité moderne, va pour un temps prendre un tour positif.
Le responsable en est l'auteur d'un film ; français et pourtant excellllllent ! Qu'un abonnement (trop coûteux) à canal plus m'a permis de regarder plusieurs fois.
L'auteur et aussi les acteurs de « Ma vie en l'air » ; une œuvre dont les cinéphiles plusocanaliens qui ont déserté les salles obscures et ne regardent les films qu'à leur arrivée dans les étranges lucarnes n'ont pas remarqué la sortie en salle, 6 mois auparavant.
Il est difficile de parler de ce film, et c'est la raison pour laquelle, amateur de challenges, je m'attèle à cette tâche.
Oui, difficile ! Car, malgré l'apparente simplicité, l'absence d'effet spéciaux (quoique… !!!), celle de grandes vedettes (quoique… !!! L'avenir le dira), c'est un petit bijou !
L'histoire est impossible à résumer. Mais comme impossible n'est pas français, je vais quand même essayer. C'est celle d'un type qui a peur de monter en avion, dont l'ami d'enfance, fumeur de pétards, s'incruste chez lui ; qui tombe amoureux d'une nana qui se barre en Australie et qu'il ne peut rejoindre à cause de sa peur des voyages aériens, mais qu'il retrouve 10 ans après alors qu'il entame une liaison avec une animatrice d'une émission de radio nocturne style « Macha Béranger » ; qui se retrouve malgré lui aux commandes d'un airbus en train de se crasher, qui a des relations difficiles avec ses voisines, et qui sauve du licenciement un employé d'une compagnie aérienne proche de la retraite…
Voilà ! Le résumé qui précède, aussi exact qu'il puisse être, est l'illustration même du décalage qui existe entre un film et sa critique.
Le film est aussi captivant à voir que son résumé est ennuyeux à lire !
La production cinématographique française des dernières années nous avait habitués (je m'en voudrais de généraliser, il y a eu des bons films, je fais part d'une vue d'ensemble) à des productions qui oscillent entre deux défauts majeurs : le désir d'imiter le cinéma américain, à grand renfort de trucages numériques et de poursuites en bagnole, et les oeuvres intimistes mettant en scène des personnages mal joués et dont on n'a rien à foutre tant ils rappellent le quotidien.
« Ma vie en l'air » s'écarte de ces écueils. L'histoire est très bien racontée, de façon classique (un début, une fin, mais de nombreux « flash back » dont un qui ouvre le film). Et cette histoire possède une richesse, tant par le nombre des thèmes abordés que par celui des personnages, qui avait tout pour en faire un embrouillamini complexe et incompréhensible. Mais non ! Elle se boit comme du petit lait !
C'est un film sur l'amour, l'amitié, la phobie, le destin, l'enfance, le mariage, la carrière, les avions, les quiproquos, la séparation, la filiation, sans qu'on puisse dire laquelle de ces notions est prépondérante. Avec un héros, une héroïne, un père, un copain, une autre héroïne, un pilote, et une foule de personnages plus ou moins secondaires qui ont tous leur importance.
L'exploit du metteur en scène est d'avoir su donner à un récit en apparence alambiqué la limpidité de l'eau claire. Point n'est besoin d'être un habitué des cinémas d'art et essai pour en saisir l'intrigue ; tout coule de source !
Et on ne s'ennuie pas un seul instant. Le film est émaillé d'astuces narratives et cinématographiques qui font passer le spectateur de l'émotion à l'hilarité. La journée du pote squatteur filmée en accéléré, les séquences commentée avec la voix off du héros, les vestiaires de la piscine, les pieds sur la table avec le père, l'incendie de la boîte aux lettres, la conversation sur l'épisiotomie, l'essai du matelas, l'engueulade entre les deux pilotes, la signification du déverrouillage par la passagère de la portière du chauffeur… (Il faut bien sûr l'avoir vu pour comprendre !) voilà ce qui fait la différence entre un film banal et un petit chef-d'œuvre.
Et les acteurs ! Et trices. Est-ce parce qu'ils sont si bien dirigés qu'ils paraissent aussi convaincants ? La plupart m'étaient inconnus. Hormis Tom Novembre (le père du héros) Et… et…
Marion Cotillard que je ne connaissais que de nom, et dont je n'ai découvert qu'après le mot « fin » que c'était elle qui incarnait la charmante animatrice de radio qui fait basculer le destin du héros. Elle nous transporte du rire aux larmes, et elle est si attachante et expressive que je gage que tous les spectateurs masculins, en parcourant le trottoir après la sortie du cinéma, en ont été amoureux pendant au moins un quart d'heure, avant que la réalité ne reprenne ses droits.
Les autres rôles ne sont pas en reste. Yann, le héros (Vincent Elbaz), Ludo (Gilles Lelouche – principal vecteur des ressorts comiques), Charlotte (Elsa Kikoïne – Elle n'est pas mal non plus !), le père (Tom Novembre), Didier Bezace, et tous les autres.
Bref ! Ce film est super ! Un des meilleurs de la première décennie du 21 e siècle.
Auteur : Rémi Bezançon.
Avec : Vincent Elbaz, Marion Cotillard, Gilles Lelouche, Elsa Kikoïne, Didier Bezace, Tom Novembre, et pleins d'autres…
Il y aussi un site web, un peu fouillis :
http://www.tfmdistribution.com/mavieenlair/
A visiter après la vision du film.
Courrez l'acheter, vous ne serez pas déçus.
PS : publicité totalement gratuite. Texte conçu avant la visite du site qui n'a servi qu'à indiquer les références.
PS2 : (ajouté bien après) et avant "la Môme", l'Oscar, la montée en flèche de la carrière de Marion Cotillard, et que Vincent Elbaz et quelques acteurs du film soient plus connus.
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