29/11/2002

 

Bonsoir ! Vous êtes sur ARTE. Ce soir théma :

 

LE CAPILLOTRACTAGE, PIERRE D'ANGLE DE LA PENSÉE CHOUETTESQUE.

 

Le CT est notre cauchemar à tous. Chacun le remarque chez les autres. Mais qui d'entre nous peut se vanter de n'y avoir jamais sacrifié ?

 

Pour ceux qui s'attendent à un délire provoqué par l'ingestion excessive de Beaujolais nouveau, continuez, cette contrib est sérieuse.

 

Concept, définition et typologie du capillotractage : le CT est l'attitude d'un chercheur qui, entrevoyant une piste qui lui semble séduisante à terme, triture, malaxe, torture les indices dans le but de les rendre conforme à la solution préétablie dont il a déjà une idée assez claire, bien qu'aucun élément objectif ne puisse lui apporter à ce moment une certitude que cette solution est la bonne ; d'ailleurs elle est mauvaise, par définition. Ça donne en finale un résultat qui ressemble à une BD de Gotlib (de mémoire) où le patient d'un test d'intelligence qui doit placer des bâtons à section triangulaire, carrée et ronde dans une planche de bois percée d'orifices de même forme, y arrive, bien qu'il se trompe, en forçant et en massacrant les bouts de bois pour les faire entrer dans les trous qui ne correspondent pas. C'est difficile à expliquer avec des mots mais... je ne sais pas dessiner, et de toutes façons, je ne peux le faire ici !

 

Le CT peut prendre différents aspects. Il y a les CT matheux, les littéraires, les artistiques (triturage de visuel), les historiques (à quel âge Louis XI a-t-il eu la coqueluche ?) etc... 

 

Exemple (inventé) : on suppute que le décryptage de la 780 est basé sur « les trois mousquetaires ». Parce que, je sais pas moi, les lettres finales des noms des mousquetaires sont les initiales de points cardinaux, que Athos et Porthos à l'envers commencent par SO (sud ouest), bref qu'on a trouvé un truc assez beau avec l'oeuvre de Dumas.

 

Alors on se met à chercher ; et le capillotractage commence. Le chiffre 4 apparaît de façon symbolique mais évidente dans cette énigme. Les 3 mousquetaires, tout le monde le sait, étaient 4. Une confirmation, une ! D'Artagnan se rend à Paris sur un cheval jaune, une rosse, en suivant la direction Dax-Paris. MAIS + PAR = ARAMIS (+P), comme par hasard l'initiale de Porthos. Le « cardinal » de Richelieu, point cardinal ? À creuser ! Le siège de la Rochelle, les syllabes de la ville sont toutes contenues dans le deuxième vers. La croix sur la cape des sbires de l'ecclésiastique, rapport avec croisement ? Bref on peut en trouver plein !

 

Bon ! Cet exemple est bâclé, vite fait mal fait. C'était juste pour montrer ce qu'est, selon moi, un CT. J'espère seulement que ce n'est pas LA vraie piste. Sinon j'aurais l'air de quoi ?

 

Mais la méthode utilisée ci-dessus, maintes fois utilisée par nous tous (en tout cas par moi) pourrait très bien mener vers une vraie piste ! C'est ce qui fait la différence entre un CT et un tractage (ou une traction pour les puristes), comment dire ? Sans rapport avec la tignasse.

 

Alors... Comment différencier les deux types de tractage ?

 

AMHA : avec l'oeil du statisticien ! (Vous me suivez toujours ?)

 

Pour ceux qui restent : d'abord merci ! Ensuite : Toutes les solutions déjà trouvées, ou plutôt pour être prudent tous les résultats de décryptages admis par tous (les 10 villes, la nef se cache...), ne doivent rien au hasard. C'est évident ! Prenons la 600. A combien peut-on évaluer la probabilité que la phrase « la clé se cache... » soit là par hasard ? Que le décryptage soit différent de celui qu'on connaît et que Max n'ait jamais utilisé la table de Mendeleïev ? Difficile à calculer. Mais probablement une chance sur plusieurs milliards de milliards. Ou quelque chose de cet ordre, avec beaucoup de zéros. Donc exit le hasard. La phrase a bien été voulue par l'auteur. Et sa découverte ne fait pas appel aux CT.

 

Maintenant abordons de la même façon une autre énigme. On peut choisir la 780, d'accord ? La solution devrait ressembler à ce qu'on a trouvé en 600. Or tout ce qu'on voit là-dessus sur le forum ou ailleurs semble être une biographie de la reine Brunehaut.

 

Ceux qui ont résolu la 780 sont bien discrets... J'en déduis que la solution en est plus difficile et surtout plus « moulée à la louche » que le décryptage de la 600.

 

Revenons aux CT. Avant de lancer un médicament sur le marché, on le teste sur une partie de la population. Sans omettre de constituer un groupe témoin qui recevra, non pas le médicament mais de la mie de pain compressée ne contenant aucun principe actif. Mais avec la même présentation. Ce groupe témoin permettra d'évaluer l'effet placebo et d'éliminer l'impact psychologique qui n'a rien à voir avec l'efficacité réelle du médicament.

 

Livrons-nous à une petite expérience en rapport (oui oui !) avec ce qui précède : rendons-nous au supermarché le plus proche, et examinons avec attention les produits exposés dans les rayons. Mais en s'imaginant que c'est là que se trouvent les solutions de la chouette. On ne manquera pas de tomber sur une boîte de thon « petit navire », un cassoulet contenant du conservateur E530, un lot de rouleaux de papier hygiénique mesurant exactement 8000 mesures etc... Et en continuant, en essayant de faire concorder ces indices avec des solutions qu'on envisage, on découvre plein de choses troublantes. Quel rapport avec l'effet placebo ? Et bien on obtient des résultats en utilisant une base de travail (le supermarché) dont on est certain qu'elle ne peut mener à rien.

 

On peut faire la même chose avec les émissions de télé, la vie de sa belle-mère, les vitrines des commerçants. À quoi ça sert ? À séparer le bon grain du CT ! À évaluer l'indice de concordance qui n'est dû qu'au hasard, et à le comparer avec celui de ses propres solutions.

 

Pour finir un truc vachement intéressant que j'ai trouvé. Un lien entre trois énigmes. (420, 470, 520). Quel est le PGCD de 420 et 520 ? C'est 20. OK ? Retenez ce 20.

 

420 / 20 = 21

 

520 / 20 = 26

 

21 + 26 = 47 (nombre mythique en 780)

 

Sur votre calculette faites : ln (47) (log népérien)

 

ln (47) = 3,850147602

 

puis ln (20)

 

ln (20) = 2,995732274

 

faites   3,850147602 +  2,995732274 =       

 

Résultat : 6,845879876

 

Puis : – ln (2) (moins logarithme népérien de 2)

 

Résultat : 6,152732695

 

Puis e puissance x (ie : e** 6,152732695)

 

Et que voient vos yeux éblouis ?...

 

470 !!! Ou peu s'en faut !

 

Génial non ?

 

Amitiés à tous. Merci à ceux qui sont arrivés jusque là.

 

Baykus.

 

PS : je vous conseille la lecture du dernier opus de Georges Charpak (prix Nobel), « devenez sorcier devenez savant », où le thème du hasard est abordé de façon pertinente (AMHA).

 

 

 

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