28/12/2005

 

 

Le Père Noël existe ! Mais il n'est pas le seul (malheureusement).

Les journalistes de différents media, et principalement ceux de la télévision, renouent, à l'occasion des fêtes de fin d'année, avec une habitude acquise depuis bien longtemps et qui, si on prenait la peine de l'analyser en profondeur, devrait apparaître comme extrêmement déroutante venant de la part de professionnels de l'information.

Je demande aux très jeunes enfants qui tomberaient sur cet article d'interrompre ici leur lecture, car ce qui suit ne leur est pas destiné et le découvrir risquerait pour eux d'être la source d'une cruelle déception.

C'est bon ? On est entre adultes ? Alors voilà : ça concerne le Père Noël.

Il n'existe pas ! (Désolé pour ceux que je déçois). Et pourtant…

Entre un reportage sur les conséquences du tsunami et un sujet sur les attentats au moyen orient, le (la) présentateur (trice) du JT nous informe, images à l'appui et sans se départir de sa mine sérieuse, que le Père Noël vient de quitter son isba lapone à bord de son traîneau croulant sous les paquets cadeau pour entamer sa tournée annuelle.

Il est vrai qu'en matière de désinformation, ils ont fait pire (voir l'affaire d'Outreau, bien plus lourde de conséquences !) ; que placer ce clin d'śil à l'intérieur du journal et non dans une émission à part n'est pas à proprement parler un scandale ; qu'autour du 25 décembre, on peut se permettre quelques fantaisies, d'autant plus que personne n'est dupe…

Mais le Père Noël n'est qu'une accroche que j'utilise pour aborder un autre sujet et un autre personnage, tout aussi imaginaire, et dont la présence sur les ondes tout au long de l'année est beaucoup plus incongrue :

Il s'agit de Bison futé. Cet improbable peau-rouge qui a quitté voici trente ans ses plaines du middle west pour s'occuper de la régulation du trafic hexagonal. Quand les radios, les télés, publiques ou privées, nous informent de l'état de la circulation, elles ne disent jamais : « le ministère des transport » ou « la sécurité routière, vous conseille de différer votre départ » ou « d'éviter tel itinéraire » mais : « Bison futé vous recommande d'éviter l'A 7 entre Lyon et Valence à partir de 8 heures ».

Nous sommes tellement habitués à cette formulation que son aspect totalement ridicule ne nous offusque pas. Mais en y réfléchissant un tout petit peu ; est-il concevable, dans un pays démocratique et soi-disant évolué, que des informations on ne peut plus utilitaires parviennent au citoyen par le truchement d'un personnage qui semble avoir été inventé pour les enfants. Comme le Père Noël ou la petite souris (qui n'existe pas non plus, désolé !).

Nous prend-on pour des gosses ? Et surtout, puisque ça ne semble pas gêner grand monde, n'a-t-on pas raison de le faire ?

Pourquoi pas un « Monsieur nounours » pour résoudre la crise des banlieue ; et un « Schtroumf démocrate » pour nous inciter à voter ?

J'ai passé l'âge de croire au Père Noël et à Bison futé. C'est pourquoi entendre le nom de ce dernier martelé à l'occasion des grands départs de fin d'année à longueur de bulletin d'information routière m'a fait sortir de ma réserve. Quant à lui, qu'il réintègre la sienne en Oklahoma ou en Arkansas, et qu'on nous traite enfin en ADULTES !

 

 

PS : Pour ceux que ça intéresse, un lien sur la genèse de Bison futé :

ici hugh !

 

 

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