Adressé au service marketing de Citroën, au BVP, etc. Date : 23/10/2002.

 

Vous n'imaginez pas tout ce que Citroën peut faire pour... vendre ses bagnoles.

 

C'est Salvador Dali qui a ouvert la voie dans les années 70. Tout le monde savait qu'il était fou. Mais quel coup de tonnerre quand on a appris que c'était « du chocolat Lanvin ! »

 

Aujourd'hui ça recommence avec son collègue et ex-pote Picasso. D'abord, première saloperie, on achète le nom pour le donner à une bagnole. Ensuite, et là le mot saloperie est trop faible, on fait de la pub avec le visage du maître.

 

Outre leurs divergences sur les plans pictural, politique (l'un presque fasciste, l'autre communiste), sentimental (l'un a quand même piqué la femme de l'autre), il y a une grande différence entre les deux cas : Dali était vivant au moment des faits ! Et consentant, puisque c'est lui-même qui déclamait la profession de foi chocolatière. 

 

On peut penser ce qu'on veut de Picasso. Aimer ou non sa peinture, son caractère, ses engagements. Mais on ne peut qu'être révolté de l'utilisation qui est faite de son image pour des motifs purement mercantiles. Sans son consentement !

 

Et ça va marcher ! Le tapage produit par cette campagne ignoble couvrira le bruit qu'il fait en se retournant dans sa tombe. Je ne crois pas trop au flop de la xsara Picasso causé par l'indignation des clients potentiels. Les fils de pub font parfois de grosses bêtises, mais le plus souvent ils voient juste.

 

Et c'est Citroën, firme connue pour des innovations autrement respectables (croisière jaune, traction avant, DS) qui se rend coupable de ce scandaleux précédent. Car on ne s'arrêtera pas là !

 

Si un jour on trouve dans les grandes surfaces des couches Monet, des tampons Corot, ou, pourquoi pas, du débouche-évier Charles de Gaulle ou du thon en boîte Mère Thérésa, on le devra à ces enfoirés du service publicité de la marque aux chevrons. Auxquels j'exprime ici tout mon mépris !

 

J'ai fait il y a peu l'acquisition d'une automobile de cette marque. J'en suis très satisfait. Mais depuis que j'ai vu le spot, je me sens un peu honteux de la conduire !             

 

J'accorde le bénéfice du doute aux héritiers qui ont vendu le nom. Peut-être ont-ils besoin d'argent. Et tout s'achète. Il suffit de mettre le prix ! Le seul à qui je ne pardonne pas (mais ils sont sans doute plusieurs, le singulier est une figure de style) c'est celui qui a eu cette brillante idée de se servir de la renommée d'un artiste à des fins publicitaires alors qu'il aurait pu baser la promotion d'une voiture sur un autre concept ; les thèmes ne manquent pas ! Si le monde était parfait, son nom et sa photo figureraient sur un paquet de papier hygiénique ; ainsi que sur toutes les feuilles. Et dans ce cas, bien que ce serait faire son jeu, seulement par plaisir, je deviendrais un client fidèle et j'utiliserais à l'excès ce produit dont le lien avec une personne serait alors parfaitement justifié !

 

 

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